Histoire de la famille

En puisant dans mes archives, je viens de tomber sur cette pépite joliment illustrée que nous devons à M. Rémy Féliho d’Attogon. Tout comme le déjà nommé Vigan SOUDE Flavien Codjo, je n’ai pas l’honneur de connaître cet autre illustre membre de ma famille. Je tiens cependant à saluer son travail d’historien que je prends la liberté de reporter ici « in extenso ». D’avance, j’espère qu’il saura m’en excuser.

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HISTOIRE DE MA FAMILLE

 

     La collectivité LINZE, BOKONON-ALIKPA, SOUDE et FELIHO ont leur racine à HOUEDA-GUEZIN et le père fondateur de ses familles s’appelle DAH DEHOUESSI, roi de HOUEDA-HINDJI.

    DEHOUESSI est le père d’ASSEKOUKOU-ADJAKA-MATINKPON et de ZANKOU-DODJIHOU. Ces deux enfants sont de même père et de même mère. Ce sont ces deux frères qui étaient venus à Abomey pour fonder les familles LINZE, BOKONON- ALIKPA, SOUDE et FELIHO à AHWAGA. Monsieur ASSEKOUKOU-ADJAKA-MATINKPON est le premier arrivé à Abomey comme esclave. Au temps du roi KPINGLA au Danxomé, on faisait la chasse aux hommes et aux femmes partout. C’est ainsi que les gens avaient trouvé ASSEKOUKOU-ADJAKA-MATINKPON au bord de la lagune « Hin » de Houéda, l’avaient attrapé et amené à Abomey puis vendu à Monsieur ADJAHO l’un des ministres du roi KPINGLA. Celui-ci le prit comme son serviteur. Cet enfant du roi DEHOUESSI était donc perdu et personne ne savait comment cela s’était passé ; or ce sont les voleurs d’hommes d’Abomey qui sont venus l’attraper.

     Il est donc le premier venu de Houéda à Abomey à titre d’esclave. Il deviendra l’arrière grand-père de Dah SOUDE.

    Quelques années après la perte de ASSEKOUKOU ADJAKA, le roi KPINGLA a envoyé commission au roi DEHOUESSI de HOUEDA pour lui dire qu’il a écouté le son de son tam-tam « Dogbâ » et que cela lui a plu. Il lui demande de bien vouloir l’envoyer le groupe pour lui jouer ce tam-tam lors de la cérémonie de son feu père à Abomey. Mais, il précise au roi de HOUEDA de choisir l’un de ses propres fils pour accompagner le groupe pour que, s’il veut l’envoyer quelques commissions secrètes, il puisse les lui envoyer par son propre fils. C’est pour cela que le roi DEHOUESSI lui a envoyé son deuxième fils ZANKOU-DODJIHOU futur père de BOKONON ALIKPA et grand père de Papa FELIHO B. A. pour accompagner le groupe de tam-tam « Dogbâ ». Il est donc le deuxième arrivé à Abomey-Danxomè. Ils ont joué le tam-tam Dogbâ au roi KPINGLA qui en était si satisfait qu’il n’avait plus envie de laisser partir le groupe.

     Ainsi, le roi a alors retenu le tam-tam et tout le groupe y compris le fils du roi de Houéda dans son palais à Abomey. Il prend le tam-tam pour sa propriété à Abomey-Danxomè et ZANKOU DODJIHOU fut nommé le chef du tam-tam et le chef chanteur. Il prend alors le nom « Hansinon LINZE ». Donc, c’est ZANKOU-DODJIHOU qui est le premier LINZE et le premier chanteur du tam-tam Dogbâ à Abomey. Il fut le père de BOKONON ALIKPA, et petit frère de ASSEKOUKOU-ADJAKA-MATINKPON qui était l’esclave de ADJAHO, ministre du roi KPINGLA.

     Un jour, ZANKOU-DODJIHOU était à la cour du Palais KPINGLA en train de jouer le tam-tam Dogbâ et voit son grand frère ASSEKOUKOU-ADJAKA-MATINKPON perdu à Houéda il y a des années, portant la chaise du ministre ADJAHO venu chez le roi KPINGLA. Ils s’étaient vus l’un et l’autre sans rien dire. Le petit frère a vu son grand frère et était très étonné ; le grand frère aussi était très surpris de le voir à Abomey. Les deux se regardaient l’un et l’autre jusqu’au retour de Monsieur ADJAHO sans rien dire. Une semaine après, le grand frère revient avec M ADJAHO, chaise au dos. Après leur départ, le petit frère ZANKOU-DODJIHOU est allé voir le roi KPINGLA pour lui dire qu’il a vu un type portant la chaise de Monsieur ADJAHO, que ce type vient de son pays Houéda et que s’il rentre dans le groupe du tam-tam Dogbâ ce serait plus intéressant.

     Le roi très séduisant par le tam-tam, promet de lui prendre le serviteur de son Ministre ADJAHO pour le seconder dans le groupe sans savoir que c’était son frère. Après quelques jours, ASSEKOUKOU-ADJAKA-MATINKPON est revenu avec son chef ADJAHO. Monsieur ZANKOU-DODJIHOU, le 1er LINZE et chef du tam-tam est allé revoir le roi KPINGLA et lui montre ledit frère. Le roi demande alors à son Ministre ADJAHO de lui laisser ASSEKOUKOU A. pour renforcer le groupe du tam-tam Dogbâ et lui a donné un autre porteur de chaise. Il remet à Monsieur ZANKOU-DODJIHOU son grand frère ASSEKOUKOU A. Il l’emmena à la maison et ensemble ils ont commencé à jouer le tam-tam Dogbâ au roi.

     M. ZANKOU-DODJIHOU voit que si son grand frère reste à ses côtés, il sera plus heureux que de rester chez Monsieur ADJAHO. Les deux frères ont vécu ensemble dans la même maison à HOUSSA à Ahwaga chez ZANKOU-DODJIHOU. Ils restèrent ensemble mais le petit frère est demeuré le chef du tam-tam Dogbâ et le grand frère son adjoint.

     M. ZANKOU-DODJIHOU a épousé une femme qui avait donné naissance à deux enfants. Son premier enfant est BOKONON-ALIKPA père de FELIHO, et le deuxième est Dah Hou qui, lui n’a pas eu d’enfant. Le grand frère ASSEKOUKOU A. aussi a épousé une femme et avait trois enfants : le premier est le père de SOUDE ; le deuxième Yênoussi une fille qui a donné le jour à M. Gangbé de Tindji-Avogbanna ; la troisième est Dédéi, une fille qui a épousé M. Ayôlin CHODATON à Ouidah sans avoir d’enfant.

    Monsieur ZANKOU-DODJIHOU père de BOKONON-ALIKPA est décédé avant son grand frère ASSEKOUKOU A. et a laissé sa place de LINZE chef tam-tam Dogbâ. Cette place laissée devait revenir normalement à BOKONON-ALIKPA qui devait devenir le LINZE 2 chef du tam-tam Dogbâ. Mais, comme son oncle ASSEKOUKOU A. était déjà dans le groupe de tam-tam avec son père, BOKONON-ALIKPA lui a laissé cette place de LINZE 2 pour diriger le tam-tam Dogbâ.

    Quelques années après, l’oncle ASSEKOUKOU-ADJAKA-AMATINKPON aussi meurt et laisse encore la place de LINZE 2 chef du tam-tam. Maintenant, c’est le tour de M. BOKONON-ALIKPA d’être le 3ème LINZE chef du tam-tam. Mais, voilà que lepremier fils du Feu ASSEKOUKOU A. père de SOUDE lui arrache la place de LINZE 3 et se fait nommer chef du tam-tam Dogbâ. LINZE 3 a épousé une femme qui n’enfante que papa SOUDE seul.

 

NB : Excusez-moi beaucoup j’ai oublié de demander le prénom de LINZE 3 qui est le père de papa SOUDE.

 

     Lorsque le fils aîné de l’oncle ASSEKOUKOU-ADJAKA-MATINKPON a pris le trône de 3ème LINZE, M. BOKONON-ALIKPA lui a laissé la place pour aller à l’apprentissage du « Fa ». Il est resté à l’apprentissage du « Fa » pendant 2 ans et est revenu avec le nom de BOKONON. A son arrivée, tout le monde avait commencé à courir vers lui pour consulter le « Fa » et faire les sacrifices de « vo ». Ils viennent prendre cher lui le « Fa ». Il y a des chants de « Fa », des manifestations, des danses et  les gens apportent des chèvres, des cabris, des canards, des poulets, des coqs etc. Les « Favis » apportaient aussi des sacs de maïs, des ignames, du haricot, etc. à BOKONON. Nuit et jour, pas de temps ; c’est le tapage et la joie dans sa cours. Tous ces mouvements ont énervé son cousin LINZE 3 qui est devenu jaloux de BOKONON. Il a fait du bruit avec BOKONON et a commencé à renvoyer ses clients et ses « favis ». Comme BOKONON ne veut pas faire des histoires avec son cousin, il est allé voir Dah Langba pour lui demander de la place. Ce dernier lui en a donné au bord de la route là où se trouve la maison aujourd’hui à Ahwaga. BOKONON a quitté la maison de la famille à HOUSSA et est venu s’installer sur la place qu’on lui a donnée, a construis sa case et a donné le nom AWANNOU à la maison c’est-à-dire « Awannou fié na non bo yé na wa é dié ». AWANNOU c’est la langue Houéda qui veut dire : « Wého ».

     Après avoir siégé au bord de la route, tous ses clients ont recommencé à venir le voir là, et ils disaient : « Mi nan yi bokonon édalikpa don é gon » (nous irons chez le charlatan qui est au bord de la route là-bas). C’est de là que le nom BOKONON-ALIKPA a commencé à être appelé jusqu’aujourd’hui. C’est à cause de cette querelle que la maison avait été divisée en deux : Houssa à part et Awannou à part, et toutes les choses de la famille avaient été divisées.

     Dans notre coutume d’avant, si un membre de la famille meurt, trois mois après, on prend son crâne du tombeau, on le lave bien, on l’orne avec des chaînes en or ou en argent, on le couvre de beaux pagnes et on le met dans un bocal. Chaque année, on fait sortir les crânes pour les adorer et leur donner à manger. On expose les crânes en disant qu’on les met en causerie c’est-à-dire en fon : « E so yé do alissa ». Malgré leur séparation, tous les crânes des défunts sont restés à HOUSSA, la maison d’origine où réside LINZE 3 alors que le fétiche Dangbé a été installé chez BOKONON-ALIKPA. Si BOKONON-ALIKPA veut donner à manger ou mettre son père à la causerie (alissa), il prend route avec sa famille pour aller chez son cousin LINZE 3 pour faire cette cérémonie et après il retourne à Awannou avec sa famille. De même, si LINZE 3 aussi veut donner la nourriture à leur fétiche ou veut faire des cicatrices sur les joues à ses enfants ; ils prennent aussi la route pour aller chez BOKONON-ALIKPA à Awannou pour faire cette cérémonie. Cette haine est demeurée entre les deux cousins frères jusqu’à leur mort. Les deux maisons Houssa et Awannou sont côte à côte mais l’un ne peut entrer chez l’autre par le côté de sa maison. Cette division est demeurée jusqu’à la mort de ces deux cousins.

     Dah BOKONON-ALIKPA a épousé cinq femmes et a mis au monde huit enfants. Son premier fils est Dah FELIHO, 2ème fils AHISSE, le 3ème fils TÔGLA (dit Ji- Gbélo) lui n’a pas d’enfant. La 1ère fille de Bokonon-Alikpa, Hogbonouto, la 2ème NAKPE (sont de même mère) ; 3ème déguénon-Azanyikô et 4ème Navo-Lukpéton (même mère) ; enfin 5ème fille Navo-nuhuayi fille unique de sa mère et la mère de Michel GAHOU. Voilà les noms des enfants de Dah BOKONON-ALIKPA avant sa mort. LINZE 3 aussi est décédé et a laissé son trône à son fils Dah Soudé nommé le 4ème LINZE à AHWAGA-HOUSSA chef tam-tam de la collectivité LINZE. Il a continué à jouer le tam-tam Dogbâ et dirigé toute la famille LINZE. Il s’était marié à trois femmes et avait cinq enfants. Ce sont : Dah Houssa 1er fils, 2ème Fernand, 3ème YEKPON, 4ème René d’Attogon et 5ème Zunkpé mère de M. René RODRIGUESE. Dah BOKONON-ALIKPA aussi est décédé et a laissé sa place de BOKONON à son premier fils FELIHO qui a commencé à diriger la maison de son père et à s’occuper de tout ce qu’il lui a laissé.

     Dah FELIHO BOKONON-ALIKPA a épousé 12 femmes et deux sont décédées. Il a eu 40 enfants dont 10 morts prématurés et 7 décédés avant sa mort. Ces 7 fils étaient majeurs avant de mourir ; donc il a laissé 23 enfants vivants.

     Avant la mort de LINZE 3 et de Dah BOKONON-ALIKPA, leurs enfants Dah SOUDE et Dah FELIHO étaient des amis frères. Après la mort de leur père chacun a pris en main ce qu’il lui a laissé en héritage : Dah SOUDE a pris les crânes et Dah FELIHO lui, a pris le fétiche « Dangbé ». Une fois monté sur le trône de leur père, voici les actes positifs qu’on posés Dah SOUDE et Dah FELIHO à la collectivité :

Les deux cousins frères se sont réunis pour parler de la haine que leurs pères ont laissée entre les deux familles. Ils ont jugé que dans une même famille et même maison, une pareille séparation est inacceptable ; car si l’un crie au secours, l’autre est obligé de prendre par la grande route avant d’aller le secourir. Ainsi, les deux amis réunis, ont discuté et ont pris la décision d’ouvrir une entrée dans le mur qui sépare les deux maisons Houssa et Awannou. Désormais, tout le monde passe par cette porte pour aller dans l’une ou l’autre maison. Cette réconciliation entre les deux familles et les deux maisons était applaudie par tous les membres de la collectivité.

Le deuxième acte concerne la suppression de la pratique de récupération des crânes des morts et les cérémonies d’exposition de crânes. Ils ont jugé cette pratique peu honorable, honteuse et humiliante pour la mémoire des défunts. Ils ont aussi pensé qu’avec l’évolution de la société, ces pratiques feront l’objet de moquerie et de raillerie pour leurs descendants. Ils ont alors procédé au ré enterrement de tous les crânes qui étaient déterrés et ont déclaré : « Si au cours d’une guerre on se fait esclave, on doit se conformer aux coutumes de son maître ». Cela veut dire que désormais ils doivent aussi fabriquer des « Assins » comme les Danxoménu pour représenter leurs défunts. Dorénavant, les cérémonies de causerie, d’offrande de nourriture et de boisson aux ancêtres se feront avec des « Assins » et non plus avec les crânes. C’est là l’origine des « Assins » que nous voyons aujourd’hui à AHWAGA-HOUSSA. Aujourd’hui, nous ne prenons plus les crânes de nos morts dans les tombeaux ; cela est supprimé.

Le 3ème acte porte sur les cicatrices que nous portons sur les joues. Ils n’ont pas supprimé cela complètement mais ils ont dit que si quelqu’un veut, il n’a qu’à le faire pour ses enfants. Mais, si quelqu’un ne veut pas il peut laisser. Cela ne sera d’aucun danger pour lui. C’est Papa Victorin FELIHO qui a demandé et obtenu cette grâce pour toute la famille à cause de sa religion catholique. Sinon tous les membres de la famille doivent porter des cicatrices. Dans notre coutume, on ne doit pas nous demander de quelle Ethnie nous sommes. Ako tê ka nu wé ». C’est interdit. Il suffisait de voir tes cicatrices aux joues pour savoir que tu es de Houéda : Agbodjè-Zanxwênou ». C’est pourquoi la coutume existe toujours à Houéda, si on te voit, on sait que tu es le fils de « Dangbé ».

Le 4ème acte concerne nos femmes. Jadis, elles ne doivent pas s’asseoir sur le même banc avec un autre homme, ni serrer la main à un autre garçon ou homme. Si elles veulent acheter chez un homme ou lui vendre quelque chose, c’est une autre femme qui doit leur prendre l’argent et lui remettre ou remettre à l’homme ce qu’il a acheté parce que les mains d’autres hommes ne doivent pas toucher leurs mains. Si un homme lui fait la cour, elle doit le dire à son mari avant de lui préparer à manger, sinon elle va tomber malade. Pire encore, les matins, la femme ne doit pas saluer ou parler à quelqu’un sans avoir pris le balai. Aussi, les soirs avant de se coucher, la femme doit mettre un balai à côté de sa chambre et au réveil le matin, elle doit prendre le balai sans dire mot à personne, balayer sa devanture jusqu’à la salle des toilettes, faire sa toilette avant de commencer par saluer les gens. Cette coutume aussi a été supprimée à cause de l’évolution du monde. Nos femmes d’aujourd’hui ne pourront pas respecter cette loi.

Outre ces pratiques qui ont été supprimées, il existe encore des règles de conduite qui ont force de loi. Il s’agit par exemple de l’infidélité des femmes ; cela est interdit. Si la femme commet l’adultère sans le dire, elle commence par voir des pythons « Dangbé » dans sa chambre. Cela peut entraîner la folie ou la mort. Même si elle le dit à son mari seul en cachette et que ce dernier aussi garde cela secrètement sans rien dire à personne, il moura également.

Secondo, nous ne reprenons pas les femmes divorcées « AHWAN LÊ KO ». C’est interdit à tout homme dans la famille : malheur aux repreneurs. Ces interdits existent encore de nos jours dans nos coutumes.

Après avoir supprimé certaines pratiques de nos coutumes, Dah SOUDE s’adonne au tam-tam « Dogbâ » et fut nommé le 4ème LINZE. Son nom de chanteur est : « Soudé-gnin madu bô gbè djôlô ». Il fait rentrer aussi son cousin et ami FELIHO B. ALIKPA dans le tam-tam. Et lui prend les noms : « va gnon nu kissè bè yi houn hamè et Mê do gbè ma djo sindo ». C’est le surnom de Dah FELIHO qui a aussi chanté pour le roi GBEHANZIN. A la suite de l’affaiblissement du pouvoir royal au Danxomé, Dah FELIHO a laissé le tam- tam Dogbâ pour commencer le commerce et Dah SOUDE seul avait continué à diriger le tam-tam. Au temps des rois du Danxomé, si vous avez des enfants qui ne sont pas membres d’un club ou d’une affiliée au trône royal ou qui ne sont pas sous la couverture d’un chef, le roi ordonne de les attraper pour les incorporer de force dans l’armée. C’est pourquoi Dah FELIHO a placé ses deux enfants majeurs : Jean Hona et Victorin Djêhoué dans le tam-tam chez Dah SOUDE. Ces derniers ont pris chacun un nom de chanteur : Jean a pris le nom « Atin Houto Hona » et Victorin « Hansinon Djêhoué ».

     Quelques années après leur adhésion au tam-tam, Dah SOUDE est décédé et son 1er fils Dah HOUSSA S. fut nommé le 5ème LINZE chef tam-tam Dogbâ et il prit la direction du groupe. Monsieur Fernand SOUDE fut nommé SOUDE 2, chef de la collectivité et Dah Yèkpon est son adjoint « VIGAN ». C’est lui qui s’occupait des cicatrices des enfants à Ahwaga.

     Après la mort de Dah HOUSSA, son fils Emile d’Agbotagon fut nommé le 6ème LINZE et c’est lui qui dirige aujourd’hui le tam-tam Dogbâ. De même, Fernand SOUDE aussi est décédé et son 1er fils Emmanuel fut nommé le 3ème soudé-gnin madu bô gbê djôlô. Par la suite, il est aussi décédé et sa place est restée vide. A la mort de Hounto-Hona-Jean, son fils Evariste a pris la place Hona 2. Evarsite Hona aussi est mort et le trône est pour le moment vide. Nous attendons leurs successeurs. Soudé 4, Hona 3 et Djêhoué 2.

    Après la mort de Dah Soudé le père, il y a eu encore une querelle entre Dah Kpè Ayissè et les enfants de Soudé. Et cette histoire a ressuscité l’ancienne haine. Et Dah Kpè Ayissè a refermé l’entrée percée entre les deux maisons comme auparavant. Papa Victorin était intervenu pour calmer l’histoire et l’entrée est recouverte. L’entente est revenue dans les deux familles BOKONON ALIKPA et SOUDE. Après l’entente, Dah-Kpè Ayissè a donné l’une de ses filles en mariage à un enfant de SOUDE pour unir les deux maisons. Et cette fille a épousé Emile SOUDE d’Attogon ledit LINZE 6. Dah Kpè AYISSE B. A aussi est décédé et son fils Sévérin AYISSE fut nommé BOKONON ALIKPA le chef de la collectivité BOKONON ALIKPA FELIHO.

     M Sévérin le 4ème BOKONON ALIKPA invite toutes les trois familles : SOUDE FELIHO et LINZE à s’entendre pour le bonheur et la paix dans les 3 maisons (Houssa, Awannou et Adandokpodji). Il souhaite que s’il y a quelque chose à dire dans l’une des maisons, ils resteront ensemble pour le faire.

 

POURQUOI DEUX ENTREES SUR LA MAISON BOKONON ALIKPA

     Dah BOKONON ALIKPA et son petit fils Dah-Hou sont de même père et de même mère ; mais Dah-Hou est un homme très sévère et très jaloux de tout le monde et il ne rend visite à personne dans la maison. Pour sortir, il ne passe pas par l’entrée publique de son père Zankou Dodjihou ni de son grand frère BOKONON ALIKPA. Lorsque son frère B. ALIKPA s’est installé à Awannou, il a aussi créé son portail face à la route. Son frère dah-hou lui a ouvert son entrée derrière sa maison de l’autre côté pour ne pas saluer son frère ni les clients de « Fa ». Il ne passait jamais par l’entrée de son frère, et le grand frère BOKONON ALIKPA aussi ne passait pas par son entrée. Cette division est restée entre les deux frères jusqu’à leur mort et les deux entrées sont ouvertes sur la même maison.

     Après leur mort, Dah FELIHO B. ALIKPA a pensé fermer l’une de ses deux entrées et laisser une ouverte. Il décida de fermer celle de BOKONON ALIKPA qui fait face à la route et au marché et de laisser l’autre ouverte, c’est-à-dire celle de Dah Hou. Il commença à faire la clôture de la maison et ferma l’entrée de son père.

     Le jour où il a fermé l’entrée de son père, c’est ce jour là même que le panaris a attaqué sa main gauche et il a commencé à souffrir. Il est resté sans sommeil pendant 3 mois et tous les remèdes se sont avérés inefficaces. Ces amis Bokonons ont alors décidé de chercher la cause par voie de « Fa ». Après consultation, son père défunt BOKONON ALIKPA a demandé pourquoi il a fermé son entrée. Son père se posait la question de savoir si c’est par dessus le mur qu’il va passer désormais pour entrer dans sa maison. Il lui demande de vite ouvrir son entrée pour lui permettre de rentrer librement chez lui. Après avoir entendu cela, on emmena aussitôt Dah- FELIHO à AHWAGA pour ouvrir l’entrée. C’est ce jour là même que l’entrée a été ouverte que le mal de panaris s’est calmé mais l’un des doigts de FELIHO est resté courbé. Son feu père avait dit que ce doigt servira de leçon à ses enfants et à tout imprudent qui oserait encore fermer l’entrée.

     Après la mort de FELIHO Vagnon non Kissè, Victorin Dah Kinho FELIHO est allé clôturer cette maison en dur mais il a aussi pris soin de laisser les deux entrées ouvertes.

     Lorsque Raymond Dêhouénagnon FELIHO est monté sur le trône il est allé fermer l’entrée de Dah-Hou frère de B. ALIKPA à moitié pour y construire un petit Bazar où l’on vendra désormais des articles dont les bénéfices serviront à réfectionner la maison. Il croyait ainsi faire du bien à la famille BOKONON ALIKPA, par référence à l’histoire de Adandokpodji que nous allons raconter plus loin.

     Trois jours après la fermeture de l’entrée, il est tombé paralysé et hospitalisé à Cotonou. Sept jours après, son adjoint Vigan Janvier Hona FELIHO a fait un accident devant sa maison. La porte de son garage balancée par le vent lui a créé une fracture à la jambe et lui même s’est retrouvé à Goho. Son « Salanon » Raphaël est aussi tombé gravement malade et a été hospitalisé. Ainsi, ces trois membres de la famille FELIHO s’étaient tous couchés dans les lits de malade à l’hôpital dans le même mois. Monsieur Rémy FELIHO d’Attogon a appris que c’est ainsi que son frère Raymond a fermé l’entrée de l’oncle Dah-hou. Il descendit à Abomey, alla à Ahwaga avec Antonin N. FELIHO pour ouvrir l’entrée et après trois jours voilà que Dêhouénagnon Raymond FELIHO vient d’être guéri et quitte l’hôpital avec la canne en main. L’une de ses jambes et son bras gauche sont paralysés. De même, ses deux adjoints aussi étaient guéris et sont rentrés à la maison canne en main chacun. Donc, faites attention à ces deux entrées de la maison BOKONON ALIKPA et son frère Dah-Hou. Merci.

 

COMMENT DAH BOKONON ALIKPA EST DEVENU PERE FONDATEUR DE LA MAISON FELIHO D’ADANDOKPODJI

     Le père FELIHO est le premier fils de BOKONON ALIKPA d’Ahwaga Awannou. Sa mère s’appelle AWIKOUTIN-KIN. La maman AWIKOUTIN-KIN était la femme de Sossou Tohoun de Gbècon à qui elle a fait un enfant qui est Dah HOUEGBELO père de M. Jacob HOUEGBELO. Dah BOKONON ALIKPA tombe amoureux de cette femme et l’arrache à son mari. C’est de cette union qu’est né Dah FELIHO. Ladite AWIKOUTIN-KIN est une femme que Dah BOKONON ALIKPA a tant aimée plus que toutes les autres femmes de sa maison. Elle est très gentille et très serviable. Voilà qu’après la naissance de Papa FELIHO, les familles de Sossou-Tohoun se sont soulevées pour venir reprendre leur femme à Dah BOKONON ALIKPA en disant qu’un roturier n’a pas le droit de prendre la femme d’un prince en mariage ici à Abomey. Ils ont repris la femme, l’on emmené à Gbècon pour la remarier.

     C’est ainsi qu’elle leur a fait un autre enfant après FELIHO qui est monstre dit « Tohossou ». Quelques années après la naissance du « Tohossou », le père de la femme AWIKOUTIN-KIN est décédé et la femme est descendue pour l’enterrement de son père Hounsa-Kpakpo à Adandokpodji. Mais, son mari n’a pas mis pied chez elle et ne lui a rien fait au cours de l’enterrement et au cours des funérailles de son père.

     Sossou Tohoun n’avait rien pour faire face aux funérailles de son beau père ; c’est pourquoi il ne pouvait pas suivre sa femme. Cela lui a fait honte car c’est lui le premier et vrai mari de la femme. C’est donc grâce à BOKONON ALIKPA que cette femme a pu faire les cérémonies de son père.

     Après les cérémonies, la femme n’est plus retournée chez son mari à Gbècon. Elle était restée dans la maison de son père à Hongbodji du palais royal de KPINGLA à Adandokpodji et a commencé à teinter des pagnes à l’indigo.

     L’actuelle maison FELIHO d’Adandokpodji était un terrain vide payé par HOUNSA KPAKPO GNONHOSSOU père de AWIKOUTIN-KIN. Monsieur HOUNSA KPAKPO a un ami Gangba (père de Dah AKPOCHIHLA) qui est décédé et HOUNSA KPAKPO a ordonné de l’enterrer sur le terrain vide.

     AKPOCHIHLA fils de Gangba a fait une cabane sur la tombe de son père et l’a clôturée avec des nattes (Dô-kplakpla). Lui même réside dans sa ferme à Djidja et ne rentre à Abomey que tous les 3 mois pour entretenir les alentours de la cabane. Il nettoie toute la cour et fait une semaine avant de retourner à Djidja. Il considérait ce nettoyage comme un devoir et ne manquait jamais de venir tous les trois mois.

     Un jour, la mère de FELIHO était allée sur le terrain de son père à Houéli et constata que les cohabitants volaient la parcelle en déplaçant les limites du terrain. Elle se fâcha, alla prendre sa jarre d’indigo et s’installa sur le terrain. Elle mit tout le terrain au propre et commença à y faire des pagnes d’indigo. Elle avait aussi commencé à faire la clôture du terrain avec des branches de palmier avant l’arrivée de Dah AKPOCHIHLA de Djidja. Lorsque ce dernier était revenu pour son nettoyage habituel, il vit que le terrain était devenu une maison habitable et il en était très content. Il reste avec elle pendant une semaine avant de retourner à Djidja. Mais, comme cette femme n’avait plus de mari, M. AKPOCHIHLA l’avait prise comme femme. Elle avait divorcé avec son premier mari Sossou Tohoun et elle ne pouvait plus retourner chez BOKONON ALIKPA car dans leur coutume Houéda, ils ne reprennent plus les femmes divorcées (Ahouanlêko).

     Ainsi, Dah AKPOCHIHLA a profité de cette occasion pour gagner cette femme et a eu d’elle une fille qui est notre tante Elisabeth mère de Houékpon Sètin et de Madame Bernadette AKOHOU. Après son accouchement, la femme croyait que son mari allait rester avec elle mais hélas. Elle resta seule dans la maison avec le bébé. AKPOCHIHLA aimait beaucoup plus rester au champ qu’à Abomey. C’est alors qu’elle alla voir son mari BOKONON ALIKPA pour lui demander son fils FELIHO pour rester avec elle dans la maison d’Adandokpodji pour l’aider. Maman AWIKOUTIN-KIN est allée exposer à son mari BOKONON ALIKPA ses soucis et ses problèmes ; et comme BOKONON ALIKPA aimait beaucoup cette femme, il lui a accordée cette demande et appela aussitôt FELIHO pour lui annoncer le souhait de sa mère. Il lui disait encore : « comme tu es né de nous deux, je ne peux pas te refuser d’aller seconder ta mère. Donc, vas prendre ton pagne pour la suivre ; reste avec elle et que cette maison devienne ma maison. Vas en paix ; tu auras tous les biens de cette terre mais il y a une chose que je vais te dire avant ton départ : « si tu es riche à Adandokpodji et que tu oublies la maison Awannou d’Ahwaga, même si tu es sur l’étage là-bas tu vas descendre à terre ». Allez donc ! la mère et son fils se sont agenouillés les bouches à terre pour remercier BOKONON ALIKPA, et FELIHO a suivi sa mère pour aller s’installer à Adandokpodji où il fera tout. Voilà comment Adandokpodji est devenu la maison de FELIHO.

     A la mort de son père BOKONON ALIKPA, FELIHO est allé à Ahwaga et a fait toutes les cérémonies funèbres. Au cours des cérémonies, il a chanté cette chanson à son père défunt :

CHANT

REFRAIN :            Awogbogbo-Alikpa-à, onyona awalé gbê wê na lé ton wé

COUPLET I :        Ohu jê gbé lo bo, Agosu-sava hun hon kê doé go wayi. !

COUPLET II :       Olo bo éka nyi, ofa tê wê dé nu akpon wa gbo nu wé,

                             Olo bo éka nyi, ofa kan wê dé nu akpon wa gbo nu wé,

                             Olo bo éka nyi ofa lê wê dé nu akpon wa gbo nu wé,

                             Olo bo éka nyi, ovo-sa wê dé nu akpon wa gbo nu wé,

                             Olo bo éka nyi, oxa vivi ton nu akpon wa gbo nu wé é

COUPLET III :       O ma do lé ton é, ogbê kan ni lé nê nyi, sindo bê ka jinê

                             O ma do lé ton é, ogbê kan ni lé nê nyi ofa-vi bê do nê

                             O ma do le ton é, ogbê kan ni lé wê je tô di sésé, hun

                             Mi bo xo zin dé mê nu mê é do gbê lê mo ba jolo.

 

     Après la cérémonie de son père, FELIHO n’a jamais laissé la maison d’Ahwaga Awannou. Toutes les fins de mois, il vient passer la nuit dans la maison et prend la veuve, femme de son père, mère de Dah-kpè Aïssè.

     Par la suite, cette femme a été appelée par les rois, a été nommée Nan- Hintêdowié et a été logée à Aïdjêso. Puis après à Adandokpodji Sada-Gbèzounkpa.

     Lorsque cette femme a été appelée et a quitté la chambre de son mari BOKONON ALIKPA, elle y a placé sa fille Agnaliton Soudé pour ne pas laisser la chambre. Elle choisit alors Fernand SOUDE et lui fait deux enfants, mais malheureusement les deux enfants sont morts.

     Lorsque Dah-Kpè Aïssè est devenu grand, FELIHO l’a pris comme son adjoint (Vigan) pour le représenter dans la maison Awannou. Ainsi, dès qu’il y a quelque chose, il lui envoie commission et Dah FELIHO descend d’urgence pour régler le problème.

     Voilà l’histoire de notre collectivité. Nous espérons que sans délai les différents trônes restés vides seront occupés par des élus pour poursuivre l’oeuvre de leurs prédécesseurs.

     Il existe dans nos coutumes beaucoup d’autres cérémonies qui aujourd’hui sont négligées. Il s’agit entre autres des cérémonies après l’accouchement, la sortie de l’enfant, la présentation de l’enfant à la lune, la fermeture du trou dit Jado, les cérémonies de Sèkpatin pour les filles vierges et non vierges dont nous détenons les  secrets.

 

Sources : FELIHO Paul, Vagnon nou Kissè (mon père)

YEKPON SOUDE, Hinnouto de la collectivité LINZE-SOUDE