« Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes ! Seigneur, Seigneur, tu nous combles de joie ! Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes ! Seigneur, Seigneur, tu nous combles de joie ! C’est Toi, le Dieu qui nous as faits, qui nous as pétris de la terre ! Tout homme est une histoire sacrée : L’homme est à l’image de Dieu. Ton amour nous a façonnés, tirés du ventre de la terre. Tout homme est une histoire sacrée : L’homme est à l’image de Dieu. Tu as mis en nous ton Esprit : nous tenons debout sur la terre. Tout homme est une histoire sacrée : L’homme est à l’image de Dieu. »
Ce cantique – paroles de Didier Rimaud sur une musique de Jacques Berthier -, que l’on entonne souvent aux mariages, a le don de me réconcilier avec l’homme et avec moi-même. Il a surtout le don de me réconcilier avec l’homme qui m’a donné la vie.
Aujourd’hui, 19 novembre 2019, est le 32ème anniversaire de sa mort. Je ne l’ai plus revu depuis l’année 1973 où il était venu à Dakar à l’occasion du mariage de ma sœur aînée Edwige. Si tout homme est une histoire sacrée, si l’homme est réellement à l’image de Dieu, j’ai fini par comprendre que je me devais d’accepter celui qui fut mon père tel qu’il était, tel que Dieu l’a « façonné » , avec ses défauts, mais aussi avec ses qualités.
Des qualités ? Je lui en ai connu. Il était bon vivant, il aimait la bonne chère et il était bon cuistot. Il avait un sens inné pour les affaires et le goût de l’aventure. Je me dois aussi de préciser qu’il n’était pas pingre. Bon nombre de ses amis ont su honteusement profiter de ses largesses, même lorsque c’était au détriment de sa propre famille. Mon père était aussi très croyant en dépit de toutes ses turpitudes. A Dakar, il lui arrivait fréquemment de se lever de bon matin pour aller servir la messe avant d’aller travailler.
Ses défauts ? Tout comme ma mère, il y a longtemps que je les lui ai pardonnés. Mais, là où je diffère d’elle, je ne les oublie pas. Je ne les oublie pas afin de ne pas en être de nouveau victime avec d’autres personnes, fussent-elles de mes proches. Et, surtout, je ne les oublie pas afin de ne pas les reproduire moi-même inconsidérément.
Si tous ceux qui l’ont connu s’accordent à me dire que je lui ressemble extraordinairement par le physique, je m’applique à suivre à la lettre cette prescription qu’il affectionnait et qu’il déclamait à l’envi, mais qu’il n’a manifestement pas respectée de son vivant :
« Je ne veux pas être l’artisan de mon propre malheur ».
Ce 19 novembre est l’anniversaire du décès de mon père. Comme la plupart des membres de la grande famille des Féliho, il repose dans le cimetière d’Abomey.
In memoriam.
Norwich, 19 novembre 2019